La commune de Crozon sur Vauvre

Sites remarquables

Le Chêne du Nau

Le Chêne du Nau

Ce chêne remarquable est situé au village du Boué. 

Ce jour là, on était en décembre, la veille de Noël...

Tous les ans, à pareille époque, la famille du Bouex, Guillaume en tête, suivi de tous les siens, femme et filles, manants et serviteurs, se rendaient dévotement à l'office de l'étoile à Crozon (je dis bien: office de l'étoile car, en ce temps, on ne connaissait pas encore la Messe de Minuit).

Avant de partir, il avait mis dans la cheminée la "cosse de Naud", grosse bûche qui, selon la tradition,garantirait tout au long de l'année, ses personnes et ses biens, des maux divers en ces temps difficiles.

Or, ce soir là, à peine venaient-ils de quitter leur "chastel" et d'en "courheiller" la porte, qu'un cavalier, au visage masqué, surgit soudain de derrière les bouchures. Et voilà celui-ci qui harcèle le petit groupe et invite sans ménagement Guillaume à engager le duel.

Imaginez l'effroi et l'affolement de sa femme et de ses filles. De tous ces gens criant dans la nuit.

Les fers s'entrechoquent. Les chevaux hennissent et se cabrent. Les épées tintent et se croisent dans la nuit noire. Depuis combien de temps? On ne saurait le dire. Soudain, un des deux cavaliers tombe à terre et gît là, inanimé.

Les pleurs redoublent d'intensité. Surtout quand nos trois pauvres femmes, quasi seules témoins de cette horrible scène découvrent, ô mon Dieu, que leur père et mari vient de rendre son âme à Dieu, en cette sainte nuit de Noël.

L'assassin ou le justicier, car il se voulait justicier avant tout, n'était autre que Sire Huguet de Chamborant. Puissant seigneur de "Lavaud", de "Measnes", de "Chamborant" et autres lieux. Ancien capitaine de la célèbre dame de "Maleval" et passé, depuis, au service du Baron de Ste Sévère, qui était Jean II de Brosse.(....)

Ce geste meurtrier était, pour lui, le prix à payer à l'égard de son seigneur et maître, le Baron de Ste Sévère, de tout vassal qui enfreignait un peu trop les us et coutumes du très sévère droit féodal.

Voilà comment ce pauvre Guillaume du Bouex, qui ne jurait que par Dieu et ne se soumettait qu'à sa justice divine, passa de vie à trépas. Lui, peu enclin à rendre foi et hommage à son suzerain, le Baron de Ste Sévère, pour sa terre de Planay qui, de par son mariage, lui était venue en héritage, quelques années auparavant. Il avait aussi passé sous silence le dénombrement de la dîme qu'il percevait du couvent de "Rimbert le Vieux". Et puis, n'avait-il pas tenu des propos désobligeants à l'égard de Huguet de Chamborant pour la gestion de la terre de St Aubin?

Ainsi, apprenant cela, Germain, le curé de Crozon d'alors, dont l'influence était grande dans cette partie du Bas-Berry- à cause en ce temps, de la dépendance de son église envers l'abbaye de Marmoutiers près de Tours, et non de celle de Déols-souhaita qu'on marqua cet endroit, à jamais mémorable, en y plantant un chêne pour l'éternité.(.....)

Et comme c'était la nuit de Noël, on appela ce chêne " le chêne du Nau". Apprends, toi qui m'écoutes sagement, que dans notre Bas-Berry Not,Nau,Naud,Naulet, Naudet étaient des variantes autrefois de Noël en patois berrichon.

 

Cette légende est tirée du recueil "la légende des trois chênes" avec l'aimable autorisation de son auteur Jehan Desbruyères, conteur-poète.